Texte de Denis Duquet
Ferdinand Piëch, petit-fils de Ferdinand Porsche et grand patron du groupe Volkswagen à la retraite, est décédé le 25 août dernier à Rosenheim en Bavière à l’âge de 82 ans. Il est considéré par plusieurs comme l’un des plus grands hommes à avoir marqué le monde de l’automobile.
Ingénieur de formation, il a développé plusieurs composantes mécaniques et des automobiles au complet qui possédaient des caractéristiques techniques innovatrices et parfois révolutionnaires. Au fil des années, il a été à l’emploi de Porsche, de Audi dont il est devenu le patron pour ensuite détenir le pouvoir du groupe Volkswagen au complet de 1993 à 2002. Obligé de respecter la loi sur les retraites à l’âge de 65 ans, il devient président du conseil de supervision de Volkswagen de 2002 à 2015 avant de démissionner, certains disent qu’on l’a forcé à démissionner, dans la tempête enclenchée par le scandale des moteurs diesels trafiqués.
Génial et controversé
De tous les dirigeants des grandes compagnies automobiles, aucun n’a été plus controversé que Ferdinand Piech. C’est non seulement un ingénieur de génie qui a développé plusieurs des voitures les plus importantes des 50 dernières années, mais son caractère et son style de direction sont passés à la légende.
Après avoir travaillé chez Porsche, il est passé chez Audi où il a revigoré la compagnie. Ses exploits de gestionnaires et de créateur ont incité la direction de Volkswagen à lui confier les rênes de la marque aux quatre anneaux.
La transformation spectaculaire de cette division a influencé le directoire du groupe Volkswagen AG qui l’a nommé à la tête de la compagnie. À ce moment, la faillite était imminente et ce géant de l’automobile était comme un navire sans gouvernail. Mais lorsque notre homme est arrivé à la tête, ce fut dramatique pour plusieurs des dirigeants qui s’étaient habitués à ne pas répondre de leurs actes et qui se préoccupaient fort peu des succès de la compagnie. De nombreux dirigeants ont été licenciés, les autres ont dû se livrer à une cure d’austérité. Il les a même obligés à se débarrasser de leurs chauffeurs et de conduire eux-mêmes les voitures de la compagnie afin qu’ils puissent en connaître les qualités et les défauts. Il a visité toutes les usines et ne s’est jamais gêné pour donner son opinion. Par exemple, une année, il a visité l’usine Volkswagen de Puebla au Mexique. Il a tellement été désolé par la piètre qualité des voitures qui y étaient assemblées, qu’il a annulé sur-le-champ la production des modèles cabriolets pour quelques mois afin de redresser la barre et d’en améliorer la qualité.
Ce style de direction parfois tyrannique ne lui a pas fait que des amis. Il a tenu la barre de Volkswagen avec une main de fer, mais lorsqu’il est devenu le patron du conseil de supervision, il a été inquiété par le scandale des moteurs diesels et a remis sa démission.
Ce fut le dernier acte d’une carrière incroyable qui a fait de lui un des plus importants sinon le plus important homme du monde automobile du XXe siècle.
À suivre : Un ingénieur doué