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Jacques Duval: La vie d’un monument de l’automobile et de la communication

C’est avec tristesse que avons appris le décès du populaire journaliste automobile et animateur Jacques Duval, à l’âge de 89 ans à la suite d’une longue maladie.

Jacques Duval est né à Lauzon (Lévis), le 21 juin 1934. Il a commencé sa carrière publique dès ses 15 ans, en obtenant un poste d’animateur à la radio de l’Université Laval, à Québec. L’année suivante, il décroche un emploi étudiant puis permanent à CKCV (Québec), ensuite à CKVL à Montréal où il fait la connaissance d’Alain Stanké avec qui il fondera plus tard le Guide de l’auto.

Vers la fin des années 50, Jaques Duval fait aussi de la scène en donnant des spectacles de voyance (sans posséder aucun don de voyance!) dans différents cabarets de la province. Il devient célèbre en animant Le cimetière du disque, une émission de Télé-Métropole, maintenant TVA, où il commente et évalue les disques les plus populaires du moment et envoie au cimetière ceux qui ne méritent pas son sceau d’approbation.

Avec Stanké, Jacques s’initie aussi au journalisme, ce qui lui permettra d’aiguiser sa plume. C’est d’ailleurs ce même Stanké qui lui apprend les rudiments de la conduite automobile. Il apprend vite… Dès 1959, il entame une brillante carrière en course automobile.

 

Jacques Duval et sa Porsche 904 (crédit: Archives famille Duval)

 

Rapidement, Duval allie son aisance devant la caméra, son franc-parler et sa passion de l’automobile dans une chronique dans l’émission Jeux d’hommes à Télé-Métropole de 1964 à 1966. Après cette expérience, il n’est pas long que Duval approche Radio-Canada avec un projet d’émission sur l’automobile… Prenez le volant vient de naître. Elle fera de Duval l’une des personnalités québécoises les plus connues et appréciées du public. L’émission durera jusqu’en 1974.

Jacques Duval dans une rare position, celle du passager. Il était revenu de son tour rapide fort impressionné par la dextérité de la pilote, Suzy Stoddard (crédit: Mercedes-Benz Canada)

 

Le premier Guide de l’auto, un petit bouquin de 160 pages est réalisé à partir des notes prises pour l’émission de télé. Il apparaît en kiosque au début de 1967 et connaît un succès inespéré. Au début, les voitures essayées, autant pour Prenez le volant que pour le Guide de l’auto, proviennent de braves concessionnaires qui acceptent de prêter à l’intrépide essayeur des voitures moyennant une belle visibilité. Les pauvres bagnoles sont souvent retournées aux concessionnaires avec des pneus et des freins détruits. Il faudra quelques années avant que les constructeurs automobiles l’invitent pour des lancements médiatiques, un type d’événement qui n’existait à peu près pas auparavant.

En 1984, Jacques Duval quitte le Guide de l’auto pour devenir porte-parole chez Ford Canada, une décision qui lui vaudra de nombreuses critiques. Durant les années Ford, c’est Denis Duquet et Marc Lachapelle qui tiennent les rênes du populaire Guide.

Déçu de son expérience de l’autre côté de la force, Duval revient au Guide de l’auto en 1993, à temps pour préparer le Guide 1994. Il le quittera en 2004, suite à la vente des droits à LC Média Inc. Les relations avec les nouveaux propriétaires sont très tendues et il ne participe pas aux Guide de l’auto2005. Il revient momentanément pour l’édition 2006. On le retrouvera dans le Guide de l’auto 2016, pour la cinquantième édition. Il s’agira de sa dernière participation à l’ouvrage qu’il avait créé. Entre 2009 et 2013, il est la tête d’affiche du guide annuel L’Auto publié par les éditions La Presse. Il a aussi été impliqué dans la création des premières éditions de l’Auto Électrique de Daniel Breton.

Crédit: Québec-Amérique

 

En 2007, Jacques Duval publie son AUTObiographie où il raconte, avec une plume toujours aussi alerte, ses amours, ses échecs, ses réussites… sa vie, quoi. En 2011, il obtient le prix Georges-Émile-Lapalme pour avoir contribué de façon exemplaire à la promotion et au rayonnement de la langue française. En effet, Duval a réussi à faire entrer dans la parlure québécoise des mots français en remplacement des mots anglais utilisés auparavant comme, par exemple, embrayage au lieu de clutch.

Jacques, sérieux, écoutant attentivement les conseils d’un instructeur de pilotage lors d’une journée organisée par l’Académie AMG au circuit Spa-Francorchamps (crédit: Mercedes-Benz Canada)

 

Ces dernières années, diminué par la maladie, Jacques Duval s’était retiré de la vie publique.

Jacques Duval a eu trois enfants, François, né en 1956, Pierre en 1958 et Brigitte en 1963. François et Pierre ont touché à la course automobile et Brigitte a été un temps coordonatrice au Guide de l’auto. Nous leur offrons nos sympathies, ainsi qu’à sa conjointe Suzanne et à ses petits-enfants.

Avec ses opinions tranchées, son sympathique faciès et sa plume précise pouvant être acerbe ou humoristique ou les deux à la fois, Jacques Duval a fondé les bases du journalisme automobile au Québec. TOUS les journalistes automobiles et chroniqueurs de la province profitent aujourd’hui de son travail colossal. Jacques Duval a connu une fulgurante carrière en tant que pilote et en tant que journaliste automobile. En fait, il a créé ce métier au Québec.

Jacques Duval a marqué son époque et son influence demeurera longtemps.

Merci Jacques… et comme tu l’écrivais si bien, bonne route!

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