En 1977, un film à très petit budget prenait l’affiche. Personne ne prédisait à ce dernier un centième du succès qu’il a fini par connaître. Smokey and the Bandit (Cours après moi shérif en version française) allait fracasser des records et terminer deuxième au box-office cette année-là derrière un certain film de science-fiction nommé Star Wars.
Une histoire banale
Le scénario du film est d’une simplicité infantile. Un homme est mis au défi de transporter, en moins de 28 heures, une cargaison de bière de marque Coors de l’extrémité ouest du Texas jusqu’à Atlanta, en Georgie. Le transport de cette bière est illégal; la cargaison ne peut franchir la frontière du Mississippi. On devine la suite : les responsables du transport de la marchandise illicite seront pris en chasse par les forces de l’ordre. L’histoire, dans le fond, n’est qu’un faible prétexte à une suite d’interminables poursuites entre le Bandit et les forces policières.
Des acteurs de renoms
Smokey and the Bandit met en vedette Burt Reynolds dans le rôle du Bandit (Bo Darville de son vrai nom), Sally Field dans le rôle de Carrie pendant que Jerry Reed interprète Cledus Snow, ou, « Snowman. ». Le Bandit pilote une Pontiac Trans Am 1977 qui sert de diversion pour la cargaison de bière qui est transportée par Snowman à bord de son camion.
À ce trio qui joue les hors-la-loi, il faut ajouter Jackie Gleason, un des plus grands acteurs de son époque, qui personnifie avec brio le rôle du shérif Buford T. Justice, un homme de loi sans scrupules prêt à tout pour arriver à ses fins et mettre la main au collet du Bandit.
Budget, quel budget?
Le directeur du film Hal Needham, un cascadeur de métier, avait prévu réaliser un film à petit budget. En fait, le rôle du Bandit devait être joué par Jerry Reed, celui qui conduit finalement le camion rempli de bière dans le film. Ce n’est que lorsque Burt Reynolds, un ami de Needham et ancien cascadeur lui-même, lit le scénario (qu’il croyait avoir été écrit pour lui) à la demande de Needham, qu’il accepte de jouer dans le film. La présence de ce dernier a permis à Needham, qui en était à son premier film, de viser une sortie plus large de ce dernier.
Cependant, lorsqu’on regarde le film avec un œil attentif, le manque de budget est flagrant. Pour tout amateur de voitures, certaines des coupes budgétaires sautent aux yeux. En ce sens, le film est une véritable comédie d’erreurs.
Les Pontiac
Le film a contribué au succès incroyable de la Pontiac Trans Am 1977 au point où GM a eu de la difficulté à répondre à la demande des consommateurs suite à la sortie du long métrage. Dans le documentaire qui accompagne le film, Burt Reynolds mentionne que les ventes du modèle ont crû de 700 % suite à la sortie du film.
Cependant, la Trans Am n’est pas la seule Pontiac utilisée dans Smokey and the Bandit. Hal Needham avait besoin de véhicules pour réaliser les scènes de poursuite qu’il envisageait. Il avait vu la Trans Am dans une revue et avait décidé que c’était cette voiture-là que le personnage du Bandit devait conduire. Il a logé un coup de fil du côté de Pontiac et la division a accepté de lui donner trois Trans Am et deux Pontiac LeMans pour agir à titre de voitures de police.
Derby de démolition
Les voitures ont littéralement été détruites pendant le tournage au point où pour tourner les dernières scènes, on a dû prendre les pièces de l’une pour les poser sur l’autre.
Cependant, on peut apercevoir bien d’autres voitures dans le film dont plusieurs ont été impliquées dans des collisions. On peut imaginer qu’un budget était réservé à l’achat et à la destruction de voitures moins récentes.
Quant au camion utilisé pour transporter la bière, il s’agit d’un Kenworth W-900 1974. Mis à part le fait qu’il fonce dans un barrage policier à la fin du film ( l’avant du camion était protégé par des poutrelles), on lui porte une attention toute particulière. Une autre preuve qu’on n’avait pas trop de moyens, surtout d’endommager un véhicule de la sorte.
D’autres preuves
Dès l’instant où on comprend que le budget du film était très limité et qu’on porte attention à chacune des scènes, on réalise qu’on a coupé les coins ronds à peu près partout. Par exemple, on remarque que plusieurs scènes ont été tournées sur les mêmes routes. On observe aussi que certaines des scènes nous sont présentées deux fois avec deux angles de caméra différents. Enfin, lorsque la Trans Am file à toute vitesse, on a souvent préféré accélérer la cadence de l’image afin de nous donner une impression de vitesse. Avec le recul, ça manque cruellement de crédibilité.
Pour ce qui est des erreurs que l’on peut observer pendant le film, elles sont tellement nombreuses qu’il serait impossible de toutes les énumérer ici.
Conclusion
Malgré un faible budget, une trame sonore écrite à la sauvette, un scénario louche, un humour qu’il faut prendre au premier degré et des erreurs à répétition pendant le film, on prend goût à redécouvrir ce qui est devenu un classique du cinéma américain.
À tel point que depuis 2007, un événement annuel, le Bandit Run, reproduit la cavale du Bandit. Les propriétaires de Trans Am 1977 sont invités à participer à cet événement où une foule d’activités sont organisées tout au long du trajet qui dure quelques jours.
Ça vous donne une idée de l’impact qu’a eu ce film sur la mémoire collective et la société américaine.
FICHE TECHNIQUE
Titre original : Smokey and the Bandit
Version française : Cours après moi shérif
Année : 1977
Date de sortie : 27 mai
Réalisateur : Hal Needham
Durée : 96 minutes
Acteurs principaux : Burt Reynolds (Bo « Bandit » Darville), Sally Field (Carrie), Jerry Reed (Cledus “Snowman” Snow) et Jackie Gleason (Buford T. Justice)
Budget estimé : pas de chiffres officiels. Certaines sources parlent d’un budget de 4 millions
Recettes : 126 737 428 $ (1977) territoire Américain seulement
Voitures vedettes : Pontiac Trans Am 1977, Pontiac LeMans 1977, Plymouth Fury 1975 et Kenworth W-900 1974