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Days of Thunder : fausse route

En 1990, Hollywood s’attaquait à un monstre : Nascar. En tentant de dépeindre l’univers de ce sport qui commençait à intéresser une nation entière, la mecque du cinéma prenait un risque fou; celui de faire fausse route.

Pour éviter ce piège, elle y a mis le paquet : un budget de 60 millions de dollars et une distribution à faire rêver n’importe quel réalisateur. En prime, son maître d’œuvre, Tony Scott, profitait de l’expertise d’une équipe de course alors émergente dans le sport, celle de Rick Hendrick. Est né de ce mariage le film Days of Thunder (Jours de tonnerre).

Malgré un immense succès commercial, on doit parler d’un monumental échec.

Distribution prestigieuse

Days of Thunder met en vedette Tom Cruise, alors au pinacle de sa carrière suite aux succès Top Gun, The Color of Money et Rain Man, entre autres. Il est secondé par Nicole Kidman, Robert Duvall, Randy Quaid et Cary Elwes. Le réalisateur, Tony Scott, est quant à lui épaulé par deux grands producteurs, soit les personnes de Don Simpson et Jerry Bruckheimer.

Avec une équipe de la sorte, tout était en place pour faire de ce film un succès.

 

Une histoire vraie?

Days of Thunder raconte l’histoire d’un jeune pilote talentueux qui obtient sa chance en Nascar. Non, Days of Thunder ne raconte pas une histoire vraie. En fait, on s’est inspiré de plusieurs légendes de ce sport pour créer les personnages du film. De plus, plusieurs scènes relatent des faits divers ayant eu cours dans l’histoire du Nascar.

Prenons les personnages, par exemple. Tom Cruise personnifie Cole Trickle, un jeune pilote fringant qui arrive de nulle part et fait rapidement sensation. Ce personnage est inspiré de Tim Richmond, un jeune homme qui a connu un parcours similaire. Ironiquement, ce dernier est mort des suites du SIDA un an avant la sortie du film. Quant au nom donné au personnage de Tom Cruise, c’est un clin d’œil au coureur Dick Trickle.

 

Le chef d’équipe de Cole Trickle se nomme Harry Hogge et est joué par Robert Duvall. Ce nom fait référence au légendaire chef d’équipe Harry Hyde qui travaillait sur la voiture de Tim Richmond.

 

Concernant le propriétaire de l’équipe de course, il est interprété par Randy Quaid. Si le nom qui lui est donné dans le film est sans signification particulière, ce n’est pas le cas de l’homme qu’il représente. Le personnage de Tim Daland n’évoque nul autre que Rick Hendrick, l’un des pionniers du sport.

 

Incidemment, les voitures conduites par Tom Cruise et celles pilotées par ses principaux rivaux dans le film ont toutes été préparées par l’équipe véritable de Rick Hendrick. En tout, 35 bolides ont été sacrifiés pour réaliser Days of Thunder.

Poudre aux yeux

Les scènes de courses de Days of Thunder sont certes spectaculaires, mais l’amateur de Nascar n’y voit qu’une succession de supercheries. D’abord, en plusieurs occasions, on nous dit être à un circuit en particulier alors qu’en réalité, les scènes qu’on nous montre proviennent de différents endroits.

Ensuite, concernant les nombreuses collisions volontaires que l’on peut voir dans le film, elles ne tiennent tout simplement pas la route. Sur un circuit comme Daytona, où les voitures circulent à plus de 300 km/h, le moindre accrochage qui altère les qualités aérodynamiques d’une voiture vient mettre fin à toute chance d’être compétitif en piste. Pourtant, les pilotes vedettes du film se tamponnent à qui mieux mieux sans que cela ait la moindre conséquence.

C’est un film, on veut bien, mais un peu de sérieux…

Pire encore.

En d’autres occasions, c’est toute la logique qui entoure la course automobile qui est bafouée. Un exemple patent. Lors d’une course, un incident se produit alors qu’il ne reste que trois tours à faire. Le chef d’équipe de Cole Trickle lui ordonne de s’arrêter aux puits et lui indique que tous les pilotes vont le faire. C’est de la frime. D’abord, avec trois tours à faire, on n’abandonne jamais sa position en piste; elle devient impossible à reprendre. Ensuite, avec trois tours à faire, le simple fait de ralentir derrière la voiture de sécurité, d’entrer au puits et d’en ressortir exige trois tours de piste. Et hop, la course est terminée.

Qu’on ait fait ce genre d’erreurs ne nous indique qu’une seule chose. Le scénario a été bâclé et aucun sérieux n’a été accordé aux dialogues. À preuve, en fouillant sur ce film, on apprend que certaines scènes étaient écrites le matin même d’une journée de tournage et que Tom Cruise devait parfois lire ses répliques qui étaient affichées devant lui lors des scènes tournées à l’intérieur de la voiture de course.

La seule crédibilité dont profite le film, elle vient du fait que certains pilotes de Nascar font de petites apparitions et que les commentateurs que l’on peut entendre ici et là formaient alors la véritable équipe de description des courses au réseau ESPN.

Malgré tout

J’ai la chance de couvrir les activités de la série Nascar depuis plusieurs années. En conséquence, mon regard est biaisé lorsque je parle de Days of Thunder. C’est un peu comme si on demandait à un joueur de hockey professionnel de commenter la série Lance et Compte.

C’est pourquoi il est nécessaire de nuancer. Days of Thunder, malgré ses défauts, demeure un bon divertissement. D’ailleurs, il a connu un succès monstre aux guichets et une carrière tout aussi fulgurante depuis qu’il a été retiré des grands écrans, en 1990. Des jeux vidéos lui ont été consacrés. Quand on parle de Nascar, on fait encore aujourd’hui référence à Days of Thunder.

Ne résident pas là, en partie du moins, les vraies qualités d’un long métrage?

On vous laisse en être les juges et jurés.

Conclusion

Avec Days of Thunder, on a voulu trop en faire. En bout de piste, c’est la crédibilité du film qui en a mangé un coup. Mais, à consulter les recettes, allez donc demander aux créateurs s’ils s’en offusquent.

FICHE TECHNIQUE

Titre original : Days of Thunder

Version française : Jours de tonnerre

Année : 1990

Date de sortie : 27 juin 1990

Réalisateur : Tony Scott

Durée : 107 minutes

Acteurs principaux : Tom Cruise (Cole Trickle), Robert Duvall (Harry Hogge), Nicole Kidman (Claire Lewicki) et Randy Quaid (Tim Daland)

Budget : 60 000 000 $

Recettes : 165 900 000 $

Voitures vedettes : Chevrolet Lumina Nascar 1990, Chevrolet Caprice 1991, Ford Taurus 1990, Pontiac Grand Prix 1990

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